Henry Fagne, 1974
Sous ses paupières brûlantes
la page ouvre ses yeux frais.
Cette pierre sur laquelle j’aiguise mon crayon
et dont le bruit rééveille et attire
à l’angle aigu du hasard un lézard fasciné;
cette pierre hurlante et muette
garde trace de l’invisible faux.
La terre glisse sous nos paupières
entre l’éboulis des nuages et celui des pierres.
À l’heure où flanchent les genoux du jour
et s’épanche la longue chaîne rêveuse de l’amour;
À l’heure où les lourdes tresses de la nuit
se dénouent sur ton cœur et baignent ta nuque dans l’oubli;
À la naissance des reins d’une vigne
où glisse de sa hanche la longue traîne silencieuse des collines.